Ridicule – Patrice Leconte – 1996
Fiche générale
Durée : 102 minutes Producteur : Gilles Legrand Frédéric Brillion Philippe Carcassonne Production : Epithète Cinéa... Distribution : PolyGram Film Distribution Réalisateur : Patrice Leconte Interprètes : Charles Berling (Ponceludon de Malavoy) Jean Rochefort (Marquis de Bellegarde) Fanny Ardant (Madame de Blayac) Judith Godreche (Mathilde de Bellegarde) Bernard Giraudeau (L'abbé de Vilecourt) Bernard Dhéran (Monsieur de Montalieri) Carlo Brandt (Chevalier de Milletail) Jacques Mathou (Abbé de l'Epée)... Scénario : Remi Waterhouse Michel Fessler (avec la collaboration de) Eric Vicaut (avec la collaboration de) Dialogues : Remi Waterhouse Directeur de production : Michèle Arnould Directeur de la photographie : Thierry Arbogast Chef opérateur : Thierry Arbogast Compositeur de la musique : Antoine Duhamel Monteur : Joëlle Hache Chef décorateur : Ivan Maussion Costumier : Christian Gasc
Production
Producteur : Gilles Legrand Frédéric Brillion Philippe Carcassonne Production : Epithète Cinéa France 3 Cinéma Distribution : PolyGram Film Distribution Directeur de production : Michèle Arnould
Avec la participation de : CNC Canal+ Investimage 4 Procirep Gras Savoye Equipe production : Roland Vallet Brigitte Faure Stéphane Teillet Ariel Askenazi Cecilia Nyström Delphine Berger
Fiche artistique
Réalisateur : Patrice Leconte Scénario : Remi Waterhouse Michel Fessler (avec la collaboration de) Eric Vicaut (avec la collaboration de) Dialogues : Remi Waterhouse Scripte : Maggie Perlado Marie Leconte (assistante scripte) Interprètes : Charles Berling (Ponceludon de Malavoy) Jean Rochefort (Marquis de Bellegarde) Fanny Ardant (Madame de Blayac) Judith Godreche (Mathilde de Bellegarde) Bernard Giraudeau (L'abbé de Vilecourt) Bernard Dhéran (Monsieur de Montalieri) Carlo Brandt (Chevalier de Milletail) Jacques Mathou (Abbé de l'Epée) Urbain Cancelier (Louis XVI) Albert Delpy (Baron de Guéret) Bruno Zanardi (Paul) Marie Pillet (Charlotte) Jacques Roman (Colonel de Chevernoy) Philippe Magnan (Baron de Malenval) Maurice Chevit (Le notaire) Jacques-François Zeller (Maurepas) Gérard Hardy (Victor) Marc Berman (Duc de Guines) Philippe du Jannerand (Le généalogiste) Claude Dereppe (Monseigneur d'Artimont) Isabelle Spade (Baronne de Boisjoli) Isabelle Petit-Jacques (Baronne d'Oberkirchner) Nathalie Mann (Comtesse de Blancfagot) Etienne Draber (Vicomte du Closlabbe) Fabrice Eberhard (Chevalier de St Tronchain) Stéphane Fourmond (Marquis de Carmes) Jean-Jacques le Vessier (Vicomte de Sabran) Lucien Pascal (Monsieur de Blayac) Nicolas Chagrin (Lord Bolingbroke) Fabien Behar (Secrétaire du roi) Mirabelle Kirkland (Marie-Antoinette) Marie Llano (Mère de Léonard) Antonin Lebas Joly (Léonard) Didier Abot (Le curé) Julien Bubowski (Gentilhomme) José Fumanal (L'officier duel) Sylvie Herbert (Mère de Ponceludon) Alain Hocine (Le joueur) Clémentine Buxtorf (La soeur) Boris Napes (Le peintre) Gérard Sergue (Le voleur) Laurent Valo (Simon) Claire Garguier) Marine Guez (La cantatrice)
Fiche technique
Photographie : Thierry Arbogast Chef opérateur : Thierry Arbogast Compositeur de la musique : Antoine Duhamel Ingénieur du son : Paul Laine Monteur : Joëlle Hache Chef décorateur : Ivan Maussion Costumier : Christian Gasc Monteur son : Jean Goudier Chorégraphie : Jean-Christophe Bocle Maquilleur : Judith Gayo Photographe de plateau : Catherine Cabrol Jérôme Prebois Régisseur : Emmanuel Legrand Chef machiniste : Denis Scozzesi
Equipe réalisation : Jean-Marc Tostivint Grégoire Barachin Mathieu Bernard Myriam Segall Michel Ganz Karine Spreuzkouski Joséphine Sourdel Equipe régie : Bruno Coulon Bettina Strainchamps Didier Abot Guy Adoh Anne Gilles Patricia Chauvin Equipe image : Florent Bazin Anne Nicolet Mixeur : Dominique Hennequin Equipe son : Sylvie Liebeaux Joël Rangon Gilles Missir Jean-Louis Lebras Igor Kirkwood Didier Lize Michel Filippi Isabelle Filippi Equipe montage : Fanchon Brule Sylvie Van der Vorn Sandrine Strauss Mathilde Butor Stéphanie Gaurier Equipe costume : Florence Sadaune Piercarlo Foddis Edwige Morel d'Arleux Liliane Delers Laurence Guindollet Jocelyne Lucas Maxime Chriqui Lionel Hermouet Claire Alix Nathalie Causse Mine Barral-Vergez Jacques Beaujoin Joyun Gonnet Bernadette Saccage Gaëtan Leudiere Adelaide Gosselin Astride Taissac Hubert Delers Equipe maquillage : Stéphanie Lemaire Jean-Christophe Roger Ginette Arbogast Michelle Constantinides Chef coiffeur : John Nollet
Equipe coiffure : | Mario Messere |
Cecilia Svahn | |
Danièle Beugin | |
Tourya Ibnou-Ennadre | |
Marc Villeneuve | |
Corinne Corbeaux |
Equipe décoration : | Virginie Denis |
Marie Cheminal | |
Jean-Pierre Grandet | |
Michel Mery | |
Pierre Mery | |
Nicolas Raffy | |
Romain Montfort | |
Didier Morlet | |
Gilbert Barade | |
Jean Onno | |
Gérard Soussi | |
Hervé Pesquer | |
Daniel Pesquer | |
Hervé Guignot | |
Jean-Marie Thomas | |
Patrick Bretonnière | |
Jacques Kazandjan | |
Claude Guyon | |
Patrice Fasola | |
Pierre Roger | |
Victor Piazza | |
Paul Bastide | |
Cyrille Bastide | |
Michel-Pierre Boulouiz |
Chef électricien : | Claude Hirsch |
Electriciens : | Loic Jouan |
Laurent Malek | |
Luis Perralta | |
Tahar Boualam |
Machinistes : | Eric Aupetit |
Raphael Jourdan |
Prise de vues aquatiques : | Roland Savoye |
Pascal Morisset | |
Michel Revest | |
Pierre Medalin | |
Dominique Ricou |
Prise de vues aériennes : | Charlet Recors |
Frederic North |
Cascadeurs : | Bénédicte Follet |
Rémi Canaple | |
Michel Lebranchu | |
Fabrice Couture |
Bruiteurs : | Pascal Chauvin |
Patrick Egreteau |
Etalonneurs : | Yvan Lucas |
Christian Dutac |
Traducteur : | Guy Jouannet |
Résumé et notes
Durée : 102 minutes
RÉSUMÉ
Versailles 1780. La cour de Louis XVI et ses antichambres. Dans ce périmètre sont réunis le pouvoir et l’espoir. Le pouvoir des ministres et des grands du royaume, l’espoir de centaines de solliciteurs issus de la petite noblesse. Car on distribue de tout, à Versailles : commandements de régimes, de navires, rubans et croix avec leurs pensions, titres honorifiques et charges administratives.
A la cour le nombre des privilèges à distribuer étant modeste en regard du nombre des solliciteurs, s’instaure une bourse de l’estime où chacun a sa cote. Et qu’est-ce qui faire fluctuer les cotes dans une société mondaine et oisive, sinon l’esprit ?
« Ridicule » visite ce petit monde de solliciteurs venus « faire leur cour » à leurs frais – souvent avec le soutien de leur famille – dans l’espoir que l’investissement sera fructueux. On y singe anxieusement la désinvolture des grands du royaume que leur rang met au dessus des aléas de la vie mondaine.
Ces grands qui tiennent salon eux-mêmes à défendre la réputation de leur table, et sont toujours à la recherche de brillants esprits pour l’animer et la rendre attractive. L’homme d’esprit se voit ainsi débauché de table en table dans une spirale ascendante. A moins qu’il ne trébuche sur… le ridicule.
Le ridicule, qui hante ces aventuriers mondains et qui, dans des cercles dont l’économie n’est faite que d’échanges spirituels, laisse une parque, une souillure indélébile. Comme beaucoup de courtisans ambitieux, Grégoire Ponceludon de Malavoy est issu d’une famille d’ancienne noblesse de province tombée dans la précarité.
Brillant, spirituel, il n’a qu’un handicap de taille : la conviction que son destin est d’aider ses semblables. Et puis, il y a l’amour, l’amour qui fait perdre l’esprit et rend si souvent… ridicule.
D’après le synopsis publicitaire du film
En savoir plus
Extraits du dossier de presse du film, collection de la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé
ENTRETIEN AVEC PATRICE LECONTE, REALISATEUR
Le scénario
Le scénario de Rémi Waterhouse m’a immédiatement emballé. Au-delà de la qualité de l’histoire, de sa construction et des personnages, ce scénario, qui n’est en aucun cas didactique, m’a séduit et troublé parce qu’il me permettait de découvrir d’une façon particulière une époque que je connaissais mal. J’avais le sentiment d’entrer dans le XVIIIe par des portes inhabituelles, de portes dérobées.
J’ai découvert des mœurs effarantes qui ne sont, sans doute, ni convenues ni convenables. Des mœurs qui ont ce côté, aiguisé et tranchant des rapports au couteau auxquels se livraient les gens de cette époque quand ils faisaient assaut d’esprit.
Comme Ponceludon, le héros du film, je découvrais ce monde de courtisans, bizarre et chaotique, où l’esprit était sauvage et vénéneux.
On ne m’avait jamais proposé le XVIIIe sous cet éclairage là, en tout cas, pas dans les manuels scolaires.
Ce qui était captivant, pour moi qui n’ai aucun enthousiasme d’historien particulier, était de me rendre compte que les gens qui vivaient au XVIIIe étaient des humains comme vous et moi. Je n’avais pas l’impression de me pencher sur la planète Mars, mais sur des gens de chair et de sang. Des hommes et des femmes qui devaient faire de leur mieux pour éviter le ridicule.
S’il y a bien quelque chose qui n’a pas foncièrement changé de siècle en siècle, c’est la nature humaine. Et ce qui m’attire toujours dans les histoires que j’ai envie de raconter, c’est l’humain.
« Le bel esprit » le ridicule…
L’usage du bel esprit au XVIIe est souvent présenté comme une façon de briller en société, de faire son intéressant, de paraître drôle, séduisant et charmant. En fait, l’esprit n’était pas aussi ludique qu’il y paraît. Cet esprit poudré était d’une terrible sauvagerie. Et c’est en cela que l’esprit est forcément lié au ridicule, car il fallait justement faire assaut d’esprit pour ne pas risquer d’être ridicule.
C’est celui qui dégaine le premier qui gagne, en matière d’esprit comme en matière de duel. De la même manière, il n’y a pas d’humour gentil. L’humour se fait souvent aux dépens de quelque chose, de quelqu’un ou d’une institution. L’esprit était semblable. On faisait montre d’esprit aux dépens de quelqu’un, jamais aux dépens de soi-même.
Ponceludon
Je pourrai reprendre la formule de Flaubert en disant, « Ponceludon c’est moi ». Je suis un provincial monté à Paris avec un idéal, faire du cinéma, et, qui plus est, sans connaissance pointue des mœurs de la cour. Ponceludon est un provincial qui monte à Versailles, avec pour idéal d’obtenir du roi la charge d’assécher son pays infecté par les marais et les fièvres.
Ponceludon m’a pris par la main et a été un guide idéal pour m’entraîner dans sa découverte, de la cour, de Versailles. (…) Par rapport à Versailles, Ponceludon a une attitude qui se résume dans sa dualité : attirance-répulsion ; Une attirance pour la cour, parce qu’il a besoin de ses faveurs pour mener à bien son projet, et une répulsion totale pour cette même cour tellement frelatée, tellement déconnectée de la réalité quotidienne. (…)
La Comtesse de Blayac, jouée par Fanny Ardant, est une courtisane dangereuse, une entremetteuse, une conspiratrice qui tire les ficelles pour avoir les faveurs du roi et faire passer par son lit les gens avec lesquels elle pactise. Ponceludon est fasciné par cette femme qui l’attire sexuellement, et, en même temps, il sait très bien que sa liaison avec elle lui permet sans doute de marquer des points pour atteindre le Roi. Ponceludon couche-t-il avec la Comtesse de Blayac par envie ou par intérêt ? Lui-même serait incapable de répondre à cette question. Il est comme une boule qui zigzague en tous sens dans le flipper versaillais. Mais, au fur et à mesure de la partie, c’est lui qui actionne les deux boutons et contrôles le parcours de la boule, son parcours.
Sa rencontre avec le marquis de Bellegarde et sa fille Mathilde sont un contrepoint idéal. Ce marquis, joué par Jean Rochefort, est une espèce de marginal qui tempère sa fascination pour la cour par une attitude rousseauiste. Bellegarde est une espèce de mètre étalon déposé au pavillon de Sèvres qui permet, à chaque instant du film, de prendre la mesure de ce qu’est la cour. Et des temps modernes qui arrivent.
Les gens de cour
Ces courtisans qui feignent d’ignorer ce qui se passe en dehors de la cour, et qui continuent à jouer le jeu, même s’ils savent que ce jeu-là ne pourra plus être joué impunément très longtemps, sont comme des funambules. Chacun de leurs pas est dangereux. Ils ne savent pas jusqu’à quand cette corde sur laquelle ils marchent va continuer à être tendue… Et la Révolution va couper la corde pour les précipiter dans le déséquilibre.
Il y a une espèce de pathétique étrange dans l’attitude de ces courtisans qui se débattent comme ils peuvent dans ce système bizarre, avec toute la conscience et l’inconscience de jeter leurs derniers feux et de profiter avidement, avant qu’il ne soit trop tard, d’un système qui va disparaître. Si sordides soient-ils dans leurs comportements, tous ces gens ont une part d’eux-mêmes qui les rachète, les excuse ou les explicites. Cette petite part d’eux-mêmes, c’est la conscience – relative – qu’ils ont de savoir que ce système fait eau de toute part et, pour cela, aucun d’entre eux n’est totalement condamnable.
Un film à costumes
A propos d’un film comme « Ridicule », on ne dit pas, « c’est un film d’époque », on emploie cette terminologie curieuse de « film à costumes ». Pour la reconstitution du XVIIIe, je ne voulais surtout pas m’encombrer d’hyper-réalisme, ni être emprisonné par le carcan des références historiques. Je crois qu’à trop vouloir faire dans le vrai, on perd une part de ses émotions et sans doute aussi une part de son âme. (…) Je n’ai pas voulu entrer dans la machine à remonter le temps, mais, simplement, partir de documents exacts apportés par des collaborateurs de talent, le créateur des costumes, le décorateur, le coiffeur etc., pour ancrer le film dans son époque tout en gardant la liberté de m’échapper avec eux au gré de notre imagination. (…)
Pour la scène du bal, par exemple, je me suis demandé quelles pouvaient être les fantaisies de la Comtesse de Blayac – une courtisane sans doute terriblement snob – quand elle décide de donner un bal qui fera date à la cour ? De même, aujourd’hui, quel style de soirée donnerait Jean-Paul Gaultier pour faire courir le tout Paris branché ? A partir de là, on peut très bien imaginer une « Fête de l’automne » au cours de laquelle on ne va pas lancer des confettis mais des feuilles mortes, chacun portant une espèce de perruque bleue d’un mètre de haut !
Les coiffures étaient justement le détail qui me préoccupait. Dans les films de cette époque, les perruques ont souvent l’allure de bouses blanches posées sur les têtes. On gagne en effet musée Grévin, mais on perd en humain ! J’ai demandé au coiffeur d’inventer des perruques qui respectent la teinte de cheveux des acteurs. Je voulais avoir le sentiment de filmer de véritables personnes et non pas des gens costumés pour un carnaval cinématographique.
La musique
La musique d’un compositeur du XVIIIe aurait accentué le respect de l’époque plus que l’histoire du film. Je ne voulais pas non plus d’une musique néo-classique, une partition à la manière de… J’ai donc demandé à Antoine Duhamel de composer une véritable musique de film qui serve et suive l’histoire que le film raconte. (…)
J’ai été aussitôt séduit par la proposition épatante qu’il m’a faite de composer une vraie musique de film, mélodique et émotionnelle, mais qui serait jouée par des instruments baroques, ce qui donne des aspérités, un côté plus âpre, moins lisse, bizarre. Ce côté un peu grinçant est l’exacte couleur dont je rêvais.
La photo
Thierry Arbogast est un opérateur dont j’admire passionnément le travail. Je lui ai proposé de faire la lumière de ce film en lui précisant que c’était à l’opérateur de « Nikita » et de « Léon » que je m’adressais, et non pas à celui du « Hussard sur le toit ». (…) Je ne voulais pas que la lumière de « Ridicule » soit fatalement respectueuse de l’époque ou en référence à la peinture du XVIIIe. Je préférerais une photo composée en fonction du caractère des scènes. Ce n’est pas de ma part une provocation, ni un quelconque comportement iconoclaste par rapport à une époque dont on pourrait penser qu’elle ne me concerne pas, mais j’avais simplement le désir d’éclairer, et là je ne parle pas simplement de la notion de lumière, d’éclairer le XVIIIe avec plus de liberté que de respect, parce que, de toute façon, le classicisme de chaque plan ne peut jamais disparaître totalement.
Les comédiens
Pour le rôle de Pondeludon, j’avais envie d’un acteur qu’on aurait jamais vu, ou peu vu à l’écran. Le spectateur pourrait découvrir un nouveau comédien, un peu de la même façon que Ponceludon découvre Versailles. Charles Berling m’avait séduit et impressionné au théâtre, dans des mises en scène de Martinelli, par sa façon incroyable de jouer des textes divers avec un léger décalage permanent qui lui donne une sincérité qui n’appartient qu’à lui. Cette vérité, très personnelle, fait merveille dans le personnage de Ponceludon qui n’entre dans aucun rang, ni dans aucun moule.
Pour le personnage du marquis de Bellegarde, je souhaitais me rassurer avec un acteur que je connaissais bien, pour ne pas dire très bien. Sans vouloir faire du casting-pléonasme, Jean Rochefort s’imposait pour ce rôle en donnant à Bellegarde ce côté à la fois original et rassurant, et être ce regard lucide sur l’histoire, sur la cour et sur les personnages. Chez Jean, les émotions passent souvent par le regard, et dans ce monde de courtisans bavards par obligation, c’était indispensable d’avoir quelqu’un qui ait l’œil.
Fanny Ardant est une actrice qui vous donne envie dent jamais dire « coupez ! ». On voudrait prolonger le plaisir, prolonger cette délicieuse rémanence qui flotte sur le plateau après chaque scène. Je laissais souvent tourner la caméra un peu plus longtemps… c’est très curieux, je n’ai jamais eu à ce point un sentiment de cette nature. (…)
C’est un peu la même chose avec l’abbé de Vilecourt, interprété par Bernard Giraudeau. Vilecourt, cet abbé coucheur, ambitieux, arriviste, vaniteux, a tous les défauts de la terre, c’est vraiment un bel enfoiré du XVIIIe. Quand vous mettez en scène ce genre de personnage, il faut qu’à un moment précis, si court soit-il, un coup de projecteur l’éclaire autrement pour, d’un seul coup, faire basculer les sentiments négatifs que l’on peut avoir à son endroit. (…)
Judith Godrèche était à mon goût le choix idéal pour interpréter le personnage de Mathilde, dans la mesure où elle a, elle aussi, la dualité d’être à la fois profondément classique et terriblement moderne. C'est-à-dire qu’elle a le modernisme des sentiments, des émotions et des regards, tout en étant, par son physique et sa sensibilité, assez classique.
- Sortie : 09/05/1996
Date de la publication électronique : | 26 March 2012 |
Sources : | Matériel publicitaire de la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé |